Etude sur les principaux sommets de France selon leur rayon de domination
Introduction
Cette introdution va vous révéler en quelques lignes l'objet de mon étude. Il s'agit principalement d'un tableau classant les 25 premiers sommets français selon un critère précis et inédit : le rayon de domination. Pour expliquer cette notion rapidement, je dirais ceci : plus un sommet est haut dans la région où il se trouve, plus son rayon de domination est important. Vous trouverez donc dans ce classement bien évidemment le mont Blanc, le puy de Sancy, le Grand Ballon... et de nombreux autres sommets auxquels vous n'auriez pas pensé.
J'ai aussi conçu 3 autres tableaux, répertoriant, toujours selon ce critère : les principaux sommets des Alpes, les principaux sommets étrangers proches des frontières françaises, et les autres sommets célèbres de France n'ayant pas encore été répertoriés dans les 2 premiers tableaux.
D'où m'est venue l'idée de cette étude?
Les grimpeurs peuvent prendre différents plaisirs au cours d'une balade, l'un d'entre eux est le fait de se sentir haut. Ces marcheurs-là ont donc en général pour but de viser un sommet plutôt qu'un col ou un lac, encore que le fait de se rendre à un sommet puisse également permettre de passer par lesdits col ou lac. Mais ce grimpeur-là prend surtout son plaisir tout en haut, en voyant les tout petits points dans la vallée représentant les voitures, les maisons, et en se disant : "je suis plus haut que tout". Ce plaisir tient en partie compte de l'altitude, mais pas seulement. L'idée d'être "haut" est certes envirante, mais peut-être pas autant que celle d'être "plus haut". Le grimpeur dont on parle saura apprécier le fait d'être sur un sommet qui est le plus haut de sa région, voire de son massif.
C'est ainsi que je me suis demandé, au fil de mes ascensions, "je suis sur le point le plus haut à combien de kilomètres à la ronde?" C'est pour répondre à cette question que je me suis mis à calculer les rayons de domination des sommets que j'avais faits. Et puis je me suis naturellement demandé quels étaient les principaux sommets de France selon ce critère, ce qui m'a amené à construire ces tableaux.
Définition du rayon de domination
Il existe plusieurs tournures de phrase pour définir ce concept. Plutôt que d'en choisir une, je vous les propose toutes.
Le terme de "rayon de domination" est un terme inventé de ma part, car je n'ai jusqu'à maintenant jamais entendu parler de ce concept. C'est en me basant sur la seconde tournure (celle qui fait intervenir le rayon d'un cercle) que j'ai choisi l'expression "rayon de domination". On pourrait choisir d'appeler ce concept autrement, mais il faut bien au départ choisir une expression pour pouvoir s'exprimer. Si quelqu'un a déjà entendu parler de ce concept avec un autre nom, je suis très impatient d'en savoir davantage!
Quel est le but de cette étude?
Les buts sont en réalité multiples :
La nécessité de trouver un critère précis définissant l'importance d'une montagne
Si un étranger vous demande "quels sont les principales montagnes de France", qu'allez-vous lui répondre? Il faut pour répondre à cette question trouver un critère d'importance de sommet, ce qui n'a rien de trivial. Voici une liste des principaux critères auxquels vous pourriez penser :
Il existe encore d'autres critères pouvant participer à la célébrité d'un sommet : son esthétique (pour des montagnes comme le célèbre titan italo-suisse, le Cervin), la proximité d'une ville importante (pour le Puy de Dôme proche de Clermont-Ferrand, ou la montagne de Reims, proche de... Reims!), la faculté à voir le sommet depuis la route (pour la Meije, facilement visible depuis la route du col du Lautaret), ... Sur tous ces critères, quel est celui qui participe le plus à la renommée d'un sommet? Quel est celui qui influe le plus sur le choix des auteurs du dictionnaire? Il s'agit très probablement du critère "altitude par rapport aux voisins". Certes ce n'est le seul critère. Comme on a pu le remarquer, Roche Bernaude est plus haute que son voisin mont Tabor, mais moins connue. On pourrait également citer l'exemple du Puy de Peyre-Arse, plus haut que son voisin le Puy Mary, mais beaucoup moins connu. Dans ces 2 exemples, c'est le critère de l'accessibilité l'a emporté. Mais le plus souvent, le dictionnaire prend en compte les points culminants de massifs de premier ordre (Alpes, Pyrénées, Massif Central) ou de massifs locaux (Ecrins, Vanoise, Grandes Rousses, Vercors...). Mais on ne peut pas dire que toutes les montagnes de France appartiennent à des massifs précis, aussi ce critère est un sous-élément du critère plus vaste, celui de l'"altitude relative".
![]() Figure 1 : Peut-on considérer le dôme des Ecrins comme un sommet à part entière? |
![]() Figure 2 : le Mont Thabor (3181m) est moins haut que Roche Bernaude (3225m), mais plus connu |
L'inconvénient d'un classement des sommets de France par altitude absolue
Prenons par exemple le critère le plus trivial et le plus utilisé pour ordonner les sommets de France : l'altitude. On est très vite confronté à un problème : quels sont les sommets à prendre en compte dans ce classement? Si vous êtes un peu connaisseur de la montagne, vous savez qu'il est bien rare qu'une montagne se dresse seule avec un sommet unique. Non, bien souvent on trouve des montagnes à plusieurs sommets, et plus souvent encore on trouve des chaînes de montagnes avec divers sommets qui y dépassent, certains de beaucoup, d'autres de peu. Quand une montagne possède plusieurs sommets, doit-on faire figurer dans le classement uniquement le sommet principal, ou aussi les sommets secondaires? Prenons par exemple le cas du mont Blanc (figure 3). Il ne s'agit nullement d'un pic isolé, mais d'une très large montagne possédant plusieurs sommets : le sommet principal (ne portant pas d'autre nom que "mont Blanc"), le mont Blanc de Courmayeur, le mont Maudit, le mont Blanc du Tacul, le dôme du Goûter... On pourrait en citer d'autres, car le concept de montagne n'a rien de clair. Certains diront que le mont Maudit n'est pas une montagne proprement dite, n'est qu'une annexe du mont Blanc, et donc ne le feront pas participer à un classement des sommets par altitude. D'autres diront que c'est une vraie montagne, et l'y feront figurer. Et personne n'a tort ou raison : il n'y a pas de critère précis qui décide si un point donné de la surface terrestre peut être appelé sommet ou montagne. De cette manière, on ne trouvera jamais 2 classements des sommets par altitude identiques. Le sommet n°1 sera toujours le mont Blanc (4810), mais en 2 on pourra trouver, sur un classement des sommets de France, le mont Maudit (4465), le mont Blanc du Tacul (4248), ou les Grandes Jorasses (4208, première montagne nettement distincte du mont Blanc). Un classement par altitude a donc cet inconvénient de ne pas pouvoir faire l'unanimité. Le classement par altitude relative n'a pas cet inconvénient. Mieux : il permet d'établir un critère définissant ce qu'est un sommet, ce qui peut servir de sélection dans le choix des sommets du classement par altitude absolue.
Figure 3 : La montagne appelée "mont Blanc" englobe-t-elle le mont Maudit? le mont Blanc du Tacul? le dôme du Goûter?
Ce qu'apporte le concept de rayon de domination
Le rayon de domination, on l'a vu, possède l'avantage de définir un critère précis pour classer des sommets. Il permet également de définir ce qu'est un sommet. Imaginons que nous devions faire un classement des montagnes françaises par altitude absolue. Quelle montagne mettre en deuxième position, après le mont Blanc? Nous avons vu précédemment qu'il n'y a pas de réponse unique à cette question, car la réponse à la question "peut-on considérer telle excroissance comme une montagne" dépendra des goûts de chacun. Le rayon de domination permet de définir ce qui sera considéré comme une montgne et ce qui ne le sera pas. On pourrait par exemple choisir que quelque chose sera une montagne si son RD dépasse 2km. En connaissant les RD du mont Blanc du Tacul, du Mont Blanc de Courmayeur, et du Mont Maudit, on sera alors à même de dire si on les comptera dans notre classement ou pas.